Après la visite très instructive du Auchan Drive de Melun, l’ensemble des journalistes se dirige vers une salle de réunion pour la conférence de presse de Vincent Mignot, DG d’Auchan France, et de Jean-Philippe Gabrowski, DG de Chronodrive. Objectif : exprimer leur désaccord par rapport au projet de loi Pinel sur les drives. Extraits.
Vincent Mignot l’admet immédiatement : « C’est vrai, nous sommes habituellement peu disert par rapport à nos drives. Pour autant, nous en avons aujourd’hui 140 qui ont livré 2 millions de commandes pour un chiffre d’affaires de 816 millions d’euros en 2012. Cette année, nous allons largement dépasser le milliard. Aujourd’hui, il est important pour nous de prendre la parole, c’est le moment de sortir du bois et d’être transparent car nous sommes très inquiets par rapport au projet de loi sur le drive ». Effectivement, le 19 juin dernier, Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme a annoncé la présentation prochaine à l’Assemblée nationale d’un texte visant à réglementer le secteur dans lequel figurerait l’obligation de passer devant la CDAC et la TAXCOM. Autrement dit, les enseignes devraient se soumettre au verdict des Commissions départementales d’aménagement commercial et de la Taxe sur les surfaces commerciales pour l’implantation de leurs drives.
Pour Vincent Mignot, il faut réagir : « En France, à chaque fois qu’un marché émerge, le chasseur sort et tue l’oiseau. Ces deux mesures sont ses cartouches. Pour nous, cela met en difficulté notre modèle, pourtant prometteur en termes de dynamisme et de croissance. Depuis 2 mois, j’ai sollicité des audiences à Madame la ministre. Elles sont restées sans réponse. Je pense que l’enjeu va au-delà des drives, c’est de l’avenir du commerce dont il est question ».
Un vivier pour l’emploiPour Jean-Philippe Gabrowski, DG de Chronodrive, pionnière dans le drive et filiale d’Auchan, trop c’est trop : « Si la loi passe, nous pourrons nous retrouver en grande difficulté et mettre en péril la pérennité de l’entreprise. Clairement, notre développement s’arrêtera, notre avenir sera compliqué ». D’après ses calculs, la TAXCOM pourrait atteindre 200 000 euros par an et par drive. Selon les dirigeants, le modèle du drive est vertueux car il est créateur d’emplois. C’est ainsi 5 300 postes qui ont vu le jour chez les deux enseignes, dont 1 500 en 2012. Vincent Mignot ajoute : « Dans les 5 prochaines années, ce sont 10 000 emplois à la clé, je suis donc interpellé par le fait que les pouvoirs publics désirent brider cette activité. Pour rappel, le drive est une invention française, c’est un nouveau métier qui pourrait devenir un fleuron mondial pour notre pays. Taxons-le bien et on aura un concept exportable de moins ! Nous avons écouté nos clients, pris conscience de leurs attentes pour développer un modèle novateur qui engendre du business. Avec ce projet de loi, les politiques veulent tout stopper ».