«Les a-priori sont à l’opposé de la démarche scientifique»; résume Anne Dux, directrice des affaires scientifiques et réglementaires, chargée des relations européennes à la Fédération des Entreprises de la Beauté, pour éclairer d’un mot la démarche européenne entreprise depuis quelques mois afin redonner de la clarté au débat concernant les conservateurs utilisés en matière de cosmétique.
Pour ce faire, un important programme a été mis en route début 2018 par Cosmétique Europe afin d’étayer, d’un maximum d’éléments scientifiques, toutes les décisions à venir concernant les conservateurs utilisés dans l’industrie cosmétique. Une façon de sécuriser et de rationaliser les décisions futures concernant l’industrie cosmétique. La présence d’une grande variété de conservateurs y reste indispensable pour répondre à la grande diversité des formulations, mais il s’agit d’un secteur empêché de mener lui-même ses propres recherches pour déterminer les meilleurs conservateurs. C’est en effet, en puisant dans des domaines tout autres, eux-mêmes utilisateurs de conservateurs, que l’industrie cosmétique peut garantir la conservation de ses produits.
Il n’est donc pas sans inconvénient pour elle de voir possiblement remis en cause les 56 conservateurs inscrits à l’annexe 5 du règlement cosmétique dont 20 sont couramment utilisés. Ce risque existe puisque des mesures ont déjà frappés les paraben (seuls 4 sont actuellement autorisés) et menace le phénoxyéthanol toujours largement utilisé, sauf en France.
La première phase du programme qui va s’étendre de 2018 à 2020 vise à rassembler toutes les évaluations scientifiques existantes tant au niveau des fédérations nationales que des fournisseurs afin de sauvegarder les conservateurs les plus utilisés et, au détour d’une évaluation scientifique des études existantes, tenter d’en élargir la liste. Un combat au long cours à ne pas confondre avec du lobbying, précise Anne Dux.