Forts de leurs objectifs compleÌmentaires et convaincus que la sauvegarde des semences constitue un enjeu essentiel au maintien de la biodiversiteÌ cultiveÌe et de la souveraineteÌ alimentaire, Biocoop et le ReÌseau Semences Paysannes ont deÌcideÌ de mettre en place un partenariat consistant aÌ€ deÌvelopper une meilleure connaissance et compreÌhension des semences paysannes.
publié le Mercredi 27 Septembre 2017
Le ReÌseau Semences Paysannes (RSP) regroupe plus de 90 organisations nationales et collectifs locaux diversifieÌs qui font vivre les semences paysannes dans les fermes et les jardins conduits en agriculture paysanne, biologique et biodynamique. Depuis 15 ans, celuic-ci accompagne le deÌveloppement des initiatives locales de promotion et de valorisation de la biodiversiteÌ cultiveÌe, promeut les deÌmarches collectives de gestion et de protection des semences paysannes (les Maisons des Semences Paysannes), participe aÌ€ la reconnaissance scientifique des savoir-faire paysans associeÌs, et agit pour la reconnaissance des droits des paysans et des artisans semenciers de seÌlectionner, reproduire, utiliser, proteÌger, eÌchanger et vendre leurs semences.
3 questions ont été posées aÌ€ : Patrick de Kochko, coordinateur du ReÌseau Semences Paysannes et Claude Gruffat, PreÌsident de Biocoop.
Pouvez-vous preÌsenter le ReÌseau Semences Paysannes ?
Patrick de Kochko :
Le reÌseau est neÌ d'une prise de conscience avec l'arriveÌe des OGM sur les marcheÌs et dans les champs. En 2001, les tentatives de reÌglementation pour imposer des semences industrielles certifieÌes aÌ€ l'agriculture biologique nous ont fait reÌagir. AÌ€ l'origine, quatre membres fondateurs ont pris la mesure de ce double peÌril semencier : la FeÌdeÌration nationale d'agriculture biologique, l'association Nature et ProgreÌ€s, le Mouvement pour l'agriculture biodynamique, ainsi que la ConfeÌdeÌration paysanne. En 2003, ils ont creÌeÌ le reÌseau Semences Paysannes avec un double objectif : essaimer l'envie de retrouver une autonomie de production en facilitant les eÌchanges de savoir-faire et de semences et faire reconnaiÌ‚tre juridiquement ces semences paysannes, ainsi que les droits des paysans de les seÌlectionner et eÌchanger. Aujourd'hui, le reÌseau reÌunit plus de 90 organisations membres en France.
En quoi est-ce capital de deÌvelopper les semences paysannes ?
Patrick de Kochko :
Nos semences paysannes sont issues de la multipliciteÌ de nos fermes et de nos terroirs : t : elles favorisent ainsi le renouvellement de cette biodiversiteÌ. Elles offrent une grande diversiteÌ geÌneÌtique naturelle, permettant une plus grande adaptabiliteÌ aux diffeÌrences de sols et de climats. Elles peuvent donc se passer d'engrais chimiques et de pesticides, permettent de redeÌcouvrir le gouÌ‚t des fruits et leÌgumes et d'assurer une qualiteÌ alimentaire sans deÌtruire l'environnement. AÌ€ l'inverse, les Semences d'industrie sont des clones, destineÌes aÌ€ des cultures intensives et aÌ€ des conditions standard, d'ouÌ€ le recours aux engrais et pesticides ! Or 90 % des semences utiliseÌes par les bio sont des semences industrielles (ligneÌe pure, hybride F1) car ce sont les seules autoriseÌes dans le commerce.
Biocoop soutient vos actions. De quelle manière ?
Patrick de Kochko :
Par le financement de programmes de seÌlection visant aÌ€ soutenir la production de leÌgumes issus de semences paysannes dans plusieurs reÌgions. L'enseigne va aussi nous ouvrir la possibiliteÌ aux paysans de distribuer mieux, en circuits courts comme longs... Ce qui se construit avec Biocoop et verra le jour dans l'anneÌe, c'est une strateÌgie permettant de mettre en avant les produits issus de semences paysannes.
Pouvez-vous rappeler l'historique de ce partenariat RSP / Biocoop ?
Claude Gruffat :
Biocoop a contacteÌ le RSP via l'intermeÌdiaire du comiteÌ de partenariat afin de participer au travail de sauvegarde des semences reproductibles et la meÌ‚me occasion aÌ€ la souveraineteÌ des producteurs. Dans un premier temps nous avons participeÌ aÌ€ la Semaine des semences paysannes organiseÌe par le RSP et aÌ€ leur AssembleÌe GeÌneÌrale. Ensuite, nous avons voulu mettre en place un dispositif permettant d'une part de faire eÌvoluer sur le plan technique la seÌlection des semences reproductibles paysannes et d'autre part d'avoir une offre plus conseÌquente en magasin. Cette seconde phase est geÌreÌe par la DFP (Direction FilieÌ€res et Produits), notre participation aÌ€ la Semaine des semences paysannes est resteÌe dans le giron du comiteÌ de partenariat. Ce dispositif doit permettre entre autres de deÌgager du financement destineÌ aÌ€ la seÌlection de varieÌteÌs adapteÌ aux impeÌratifs agronomiques des producteurs et aux besoins de commercialiteÌ du marcheÌ mais aussi permettre aux consommateurs une visibiliteÌ claire sur l'origine des produits.
Quelle est l'offre preÌsente en magasin ?
Claude Gruffat :
Pour le moment, les tomates de varieÌteÌs anciennes sont inteÌgralement issues de semences reproductibles puisque c'est une obligation du cahier des charges de Biocoop. Des volumes significatifs plus de 300 Tonnes de chou, chou-fleur, chou-rave, oignon, carotte violette, courge, Rutabaga, Topinambour, Fenouil, Rhubarbe, sont proposeÌs aux magasins par les plateformes d'autres produits qui ne sont pas issus de semences mais de divisions de souche meÌ€re, font partie de ce dispositif : artichaut, eÌchalotte, rhubarbe ..Nous manquons de visibiliteÌ sur l'offre proposeÌe via la production locale mais celle-ci est significative dans certaines reÌgions ou la proximiteÌ avec les membres du RSP est forte.
Quel avenir, quelles ambitions et quels objectifs à court et long terme ?
Claude Gruffat :
Le principal objectif est de donner une visibiliteÌ aux consommateurs sur la preÌsence en rayon des produits issus semences paysannes. Pour atteindre l'objectif fixeÌ, nous devons adapter les varieÌteÌs paysannes par l'augmentation de manieÌ€re significative de la largeur et la profondeur de l'offre, notamment sur d'autres secteurs tels que les ceÌreÌales. La mise en place d'outils sur l'offre et les initiatives qui transitent par la production locale nous permettra une meilleure visibilité.
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